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On reparle beaucoup de la nuit du 28 au 29. Peu de gens ont dormi à Reims. Il s'agissait d'une engagement important, du côté de Cernay, sur lequel nous n'avons aucun renseignement.

- Les batteries installées ans le Champ de grève sont en pleine activité, dans la matinée de ce jour.

- L'après-midi, je sors pour aller aux nouvelles, place Amélie-Doublié. Du pont de l'avenue de Laon, je commence à entendre les arrivées des obus qui ne cessent de tomber vers le Port-sec et sur la gare du CBR (Jacquart), où sont placées des pièces de 75. Cela me fait hâter le pas pour arriver chez mon beau-frère... où je ne trouve personne. Je m'empresse alors de revenir, car la promenade est dangereuse aujourd'hui, dan ce quartier, dont les rues sont désertes.

A mon retour rue du Jard, nous percevons, du jardin, une série de détonations qui commence vers 18 h et se prolonge longtemps ; elles sont tellement serrées et nourries qu'elle produisent un bruit comparable à celui du passage d'un train, entendu dans la campagne.

Vers 18 h1/2, le canon venant se mêler à ce vacarme effroyable, nous nous demandons comment va encore se passer la nuit.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Toute la nuit (passim 29-30) combat ; intervention des mitrailleuses, à 4 h. pendant une demi-heure ou 3/4 d'heure sans arrêt. 9 h. canonnade et bombardement.

2 h. Visite de M. Abelé, Curé du Sacré-Coeur ; il m'apprend que M. Béguin est à Reims, Clinique Mencière.

3 h. Visite à la Clinique Mencière.

6 h. Explosion du Parc d'Artillerie (12), incendié par les Allemands, il n'y avait rien d'utile à l'armée dedans. C'est de règle, et le Allemands auraient dû commencer par là. Je pense qu'on dit cela pour ranimer notre confiance bien déprimée?. 8 h. soir, grosses pièces, vers 3 h. nuit, (...) 5 h. Silence.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

(12) L'ancien parc d'artillerie de la garnison, rue de Neufchâtel et situé trop près du front, ne contenait semble-t-il que des artifices et des munitions périmées. La remarque du Cardinal montre quel es esprits ne sont pas encore prêts à admettre un conflit de longue durée.

Aujourd’hui, les Allemands n’ont même pas attendu qu’il fasse jour pour nous cribler de leur mitraille. Dès quatre heures ½ du matin les obus pleuvent sur la ville et particulièrement encore dans le quartier de Cernay. Gérard de la maison Bouchez est tué chez lui ainsi que sa femme au moment où s’étant levé il se disposait à se mettre à l’abri à la cave.

La matinée passe au son du canon.

Vers 1 heure ½ du soir un envoi continu d’obus commence qui doit continuer plusieurs heures. Nous allons voir chez Truxler (1), qui est rentré depuis quelques jours et en rentrant à cinq heures, nous entendons en suivant le canal un bruit qui ressemble à des mitrailleuses. Renseignements pris, c’est tout autre chose, un obus allemand est tombé dans l’arsenal rue de Neuchâtel où, fait inouï dans une ville assiégée, l’autorité militaire avait laissé des munitions.

Les innombrables cartouches renfermées dans les magasins éclatent pendant près de deux heures. On entend même des explosions semblant provenir de gros engins.

Pour calmer l’opinion publique, l’armée raconte que l’arsenal ne contenait que des cartouches à blanc et des cartouches d’au delà 1874. Cela était peut être exact mais il n’en est pas moins vrai qu’il y a une grosse faute d’avoir laissé des munitions à portée de l’ennemi.

A peine les craquements produits par l’éclatement des projectiles de l’arsenal se sont ils tu que l’on en entend de nouveaux. C’est encore une fois une bataille qui commence.

A quand la fin ? On se sent devenir fou.

Gaston Dorigny

(1) Truxler, était un cousin de la grand-mère du petit-fiis de Gaston Dorigny (Claude Balais), - Branche Thierry - grand parent de Michel Péricard , maire de Saint Germain en Laye, membre de l’assemblée nationale en 1996 où il fût porte parole du RPR.

17H Couturier venant des Mesneux se fait l’écho de l’inquiétude de la famille C. Lallement, que les travaux de fortification qui se multiplient dans les environs impressionnent défavorablement, et du désir qu’elle aurait de me voir arriver au plus tôt porteur de l’or retrouvé intact dans le coffre-fort.

Paul Dupuy - Document familial issu de la famille Dupuis-Pérardel-Lescaillon. Marie-Thérèse Pérardel, femme d'André Pérardel, est la fille de Paul Dupuis. Ce témoignage concerne la période  du 1er septembre au 21 novembre 1914.

Source : site de la Ville de Reims, archives municipales et communautaires

Mercredi 30 Septembre 1914.

Cette fin de mois, pas de grand changement, toujours des bombardements, le feu Rue d’Alsace-Lorraine, 19 soldats tués au moulin de la Housse, 13 aux caves à louer. Chez Pommery, l’expédition, la bouchonnerie et la maison à Poirier ne sont plus que des décombres. Mais nous nous sommes bien abrités, étant dans les tunnels supérieurs.  On ne souffre pas. André se porte à merveille, on le voit changer de jour en jour et il ne t’oublie pas. Pauvre papa, où es-tu ?

Nous t’aimons tous les deux et nous t’attendons. Bons baisers et à bientôt.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu'elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu'au 6 mai 1917 (avec une interruption d'un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne

Tag(s) : #Famille Dorigny, #Paul Hess, #Cardinal Luçon, #1914, #Paul Dupuy, #Juliette Breyer
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