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Nuit absolument tranquille. Rien entendu. Journée tranquille ; visite de M. l’abbé Abelé (?). Il paraît que la nuit du 13 au 14, il y a eu au loin de violents combats d’artillerie.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 14 Septembre 1915.

On nous avait dit que la grande attaque serait pour le 15 mais cela m’étonnerait beaucoup. Du côté de Berry au Bac on entend le canon sans arrêt. Les préparatifs à Reims continuent. Je suis allée chercher la moitié de mon ménage, celui que j’avais mis chez ton papa car pour ce qui est chez nous on ne veut pas me laisser entrer et chose bizarre, c’est que l’on m’a dit que le père Genteur y allait quand il voulait, prétendant que je lui avais confié mes clefs. Et à chaque fois qu’il y va, il en sort avec quelque chose qu’il vole.

J’ai voulu aller voir le colonel Bataille pour qu’il me fasse un laisser-passer et lui expliquer la chose. Mais il n’a pas voulu. J’étais en colère. J’ai dit qu’il ne suffisait donc pas d’être femme d’un soldat français pour que la porte d’un colonel vous soit ouverte. Ils savent bien que je ne suis qu’une femme.

Puisque M. Delcroix a bien eu la liberté d’enlever son ménage, je ne vois pas pourquoi j’aurais un refus. Pauvre Lou, quand est-ce que ce cauchemar sera fini ?

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu'elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu'au 6 mai 1917 (avec une interruption d'un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne

Mardi 14 septembre.

Cannonade sur l'Yser et en Artois (Neuville, Roclincourt, Wailly). Au nord de l'Oise, nous avons opéré des tirs de destruction sur les organisations ennemies et les ouvrages de Beuvraignes. Nous avons dispersé plusieurs partis d'infanterie devant Andechy.
Sur le canal de l'Aisne à la Marne, nous avons bombardé les ouvrages et cantonnements allemands aux environs de Sapigneul et de la Neuville (région de Berry-au-Bac).
Canonnade et lutte de bombes en Champagne, en Argonne, entre Meuse et Moselle.
Bombardement dans les Vosges ( Metzeral, Sudelkopf).
Dix-neuf avions, à titre de représailles contre les bombardements de Lunéville et de Compiègne, par les taubes, ont survolé la ville de Trèves et y ont lancé 100 obus, atteignant la gare et la Banque d'Empire. Après avoir atterri dans nos lignes, ils sont repartis et ont jeté 58 obus sur la gare de Dommary-Baroncourt. D'autres ont bombardé la gare de Donaueschingen, sur le Danube, et celle de Marbach.
L'offensive russe se poursuit victorieusement en Galicie où plusieurs milliers d'Autrichiens ont été capturés.
Un raid de zeppelins en Angleterre a encore une fois avorté.
Le submersible Papin a coulé plusieurs torpilleurs autrichiens dans l'Adriatique.
Le comte Bernstorff, dans une interview qu'il n'a que mollement démentie, a proféré des menaces pour l'Am
érique.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Mardi 14 septembre 1915. Pauvre Lou, quand est-ce que ce cauchemar sera fini ?
Tag(s) : #Cardinal Luçon, #1915, #Juliette Breyer
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